• A ceux qui se plaisent à voir des gourous et des imposteurs partout.

    Que ce soit en matière de politique, de philosophie ou autre, nos convictions sont essentiellement fonction de nos valeurs, de notre éducation, de notre formation, mais également de l'influence que les médias ont sur nous, de nos craintes, de nos expériences, de nos espoirs, fondés ou non, de nos rancunes, jalousies et frustrations, et aussi de notre volonté à progresser dans un sens que nous aimons à supposer juste, propre à concerner la société entière.

     

    Nous pouvons constater, surtout dans le domaine politique, que critiquer pour détruire, pour tenter de gommer virtuellement telle ou telle personnalité de l'espace public, et qui au demeurant présente une attitude digne, une pensée évolutive capable de se remettre en question, bref qui ne justifie aucunement une haine à peine déguisée, est misérablement mesquin. Ceci n'est normal que chez les vrais faussaires, puisque la calomnie, l'irrévérence figurent parmi leurs armes préférées.

     

    Nous croyons tous avoir raison, nous avons toutes et tous des raisons d'adhérer ou non à tel ou tel programme ou projet politique. Mais le désaccord doit-il nécessairement conduire à ces attitudes grotesques, ces pitreries, ces joutes verbales arrogantes, truffées de mauvaise foi, de violence, de rage, de grossièretés qui se généralisent depuis plusieurs années déjà et dont les médias nous offrent volontiers le pathétique spectacle ?

    Les colonnes des journaux, des magazines ou sites dissidents, « indépendants » ou non en font également un généreux usage qui ne fait que troubler le raisonnement, brouiller les tentatives de réflexions constructives, noyer dans le mépris, la rancune, l'injure, la mauvaise volonté ou le parti pris l'engagement de personnes au demeurant tout à fait respectables et qui ne se croient pas obligées, ni devant une caméra, ni en public ou devant un micro de se conduire de manière dégradante, puérile.

     

    Quel peut-être le mobile qui anime ceux qui, n'ayant que peu ou pas du tout exploré en profondeur le travail de l'objet de leur rancœur, se complaisent à tenter - car ils n'y réussissent généralement pas - de ridiculiser, d'insulter, de railler, de désigner à l'opprobre ceux et celles, politiciens ou non, qui, après avoir travaillé des années durant, après avoir réfléchi, effectué avec un zèle et un sérieux professionnel remarquables des recherches, des comparaisons, après avoir rencontré des personnes de tous les horizons politiques, après avoir réunis et lus et analysés une somme considérable de documents, s'engagent jusqu'à proposer des pistes de réflexion, hors toute passion, susceptibles d'entraîner la population intéressée, volontaire, à un changement de société qui tourne le dos au capitalisme ? Les critiqueurs-ricaneurs à la langue pendue et au clavier virtuose en ont-ils autant dans leur bagage ? Rien n'est moins sûr. Et quand bien même serait-ce...

     

    Sans jamais s'adonner elles-mêmes aux pratiques indignes de leurs adversaires frustrés, jaloux, inquiets, le but de ces quelques personnes (qui ne sont qu'une poignée, du moins pour l'instant) qui finissent par la qualité de leurs interventions par faire parler d'elles, tels Asselineau, Rabhi, Lordon, Chouard, Lepage, Friot, qui possèdent tout de même des facultés d'analyse, de logique et de bon sens pour le moins flagrantes - aptitudes qui semblent faire défaut à leurs détracteurs vissés sur leurs préjugés, leur faiblesse de compréhension et leur mauvaise foi, n'ont absolument rien d'hypocrites complotistes acquis à un quelconque fascisme, les vrais fascistes étant les banques, les ultra-riches et par là même les gouvernants (nos maîtres) qui tirent les ficelles du pouvoir, soit l'unique pour cent de la population mondiale qui manipule les 99 autres pour cent. L'évidence est incontournable, tant les faits ne font qu'accréditer l'ensemble de leurs propos.

     

    https://www.youtube.com/watch?v=401eP97u7h0

     

    Non, nous avons affaire à des personnes tout à fait fréquentables, dignes d'être écoutées. Leur but est de partager, à partir de leurs propres travaux et expériences, et donc avec un taux de crédibilité qui ne peut que déranger, leur réelle envie de changer notre société, de dénoncer ses multiples travers sans pour autant user de l'insulte, du mépris, de l'ironie facile, ce dont ne se privent pas ceux qui s'imaginent, boursouflés de suffisance, avoir tout compris en tout et pour tout, et qui s'avèrent incapables de proposer quelque chose de mieux, se plaisent surtout à médire, à accuser à tort et à travers, à s'acharner sur un détail, à rester aux comportement et persiflages de gamins dans une cour de récréation.

     

    Poursuivant leur tâche d'instruction, les personnes qui se sont peu à peu démarquées et qui sont parvenues à éveiller la conscience d'une part grandissante d'une population qui sait encore écouter, s'informer patiemment et réfléchir, ne cherchent pas du tout à s'imposer comme des lumignons de vérité, ni à incarner, en tant que « gourous », la juste et salvatrice voie à suivre.

     

    Parmi les gens les plus raisonnables qui, manifestement, ne sont guère légion - et qui se démarquent clairement de la pensée unique, du cancanage médiatique décervelant, volontiers mensonger, partisan - leur attitude, leurs travaux les rendent automatiquement suspects, alors qu'il n'y a chez ces derniers pas plus de gourous qu'il n'y a d'imposteurs : il n'y a que des penseurs au service de la recherche de solutions politiques viables, des chercheurs qui intiment toujours à leur public de penser, de s'instruire et de mieux s'informer de façon choisie, autonome. Autrement dit d'effectuer sa propre quête, ses propres efforts en restant le plus attentif, le plus critique et observateur possible et en se défiant des médias comme des élus.

     

    De toute manière, qui que l'on soit et quoi que l'on fasse, nous n'emportons jamais dans notre sillage l'unanimité, jamais, puisque nous commettons des erreurs, petites ou grandes, qui ne sont pas pour autant des « falsifications de la vérité ». Qui n'a pas la sienne, d'ailleurs ? Mais quelle importance si l'erreur est vectrice de progression, de changement ? Un dicton prétend que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis. Ceux-ci sont immédiatement reconnaissables parmi les corbeaux, imbus de leurs convictions (qui ne valent que par leur talent à les faire passer pour plus sensées, plus convaincantes), qui se plaisent à saisir la moindre occasion pour souiller l'image de ces personnes qu'ils considèrent presque comme des erreurs de la société, qu'il faudrait impérativement ignorer, voire faire taire, dans l'intérêt public.

     

    La critique vulgaire est toujours facile et les arguments pour y parvenir établissent d'eux-mêmes la nature inintéressante, la vacuité de ces adeptes de l'injure qui trouvent de la pire, de la plus exécrable des manières, à légitimer leurs sous-entendus, moqueries ou accusations face à des tentatives de mise en place de projets réellement destinés au bien collectif, cela dans le plus grand respect de toutes les classes sociales, de toutes les cultures, de toutes les tendances politiques.

     

    Que nous soyons experts (nul ne peut prétendre l'être à cent pour cent !), que nous imaginions avoir tout compris de la chose philosophico-politique, que nous soyons candidats, représentés à l'Assemblée ou non, ou que nous soyons simple quidam ne peut nous empêcher de nous faire une opinion sur tels ou tels citoyens qui sortent de la mêlée pour nous éclairer l'esprit, sans malveillance, sans recherche de pouvoir, sans intention de faire passer leurs discours pour autre chose qu'un appel au bon sens, au réveil de notre conscience.

     

    En tous domaines comme en tout mouvement politique, il y a très probablement une once de vérité qui se niche. A nous d'avoir le courage, la patience, d'apprendre à les déceler, pour ensuite les collecter patiemment, honnêtement, sans jeter l'anathème sur quiconque semble commettre des erreurs ou pense détenir la vérité suprême. Celle-ci n'appartient jamais à un seul homme ni à un seul courant d'idées, mais à l'ensemble des citoyens qui veulent se donner la peine de songer, et d’œuvrer ensemble, à leur avenir autrement qu'en usant de l'aversion, de la détestation, de l'invective vis-à-vis de tout qui ne partagerait pas leur projet.

     

     

     

    « "Pour notre bien"...Octave Mirbeau, "La grève des électeurs" »
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks